Le soleil filtrait au travers de l’épais feuillage de la jungle. Sa douche chaleur se répandait de si bon matin, rendant agréable même le toucher de ce sol si humide. Dans les branchages, quelques bruissements, nés du vent caressant doucement les feuilles des grands arbres de la forêt. Quelques branchages craquèrent.

Réfugiée sous un toit de branchages recouvert de mousse, une forme revînt au monde matériel, sortant d’une douce nuit de rêve de chasse. S’extirpant de l’abri, cette forme humanoïde s’empara d’une lance improvisée, posée contre un arbre dont le tronc présentait un creux sur la hauteur. Puis, s’avançant rapidement sur le sol, les pieds nus, elle arriva rapidement à un étang, proche de son domicile de fortune.

Posant son arme, elle s’accroupit au bord, jetant un œil à son reflet dans l’eau calme. Voyant les traits humains dont elle se trouvait pourvue, une larme ne put s’empêcher de couler le long de sa joue pour aller s’écraser à la surface de l’eau, brisant son reflet. Sa dernière trace d’humanité.

Ses origines, ses parents, tout ceci n’était plus. Elle était plus que ça à présent. La nature autour d’elle n’avait jamais été aussi présente en elle. Elle en ressentait les moindres parcelles de puissance. Tout autour d’elle, les arbres, animaux, les moindres créatures vivantes portaient en eux l’énergie de la nature, celle qu’elle avait fini par assimiler malgré son statut d’humaine.

Oui, Nidalee – C’était d’aussi loin qu’elle se souvienne son nom – avait, elle ne savait d’ailleurs pas comment, acquis la capacité d’utiliser l’essence de la nature, une magie qui en temps normal était inaccessible aux humains.

Elle regarda de nouveau la surface de l’eau, toujours troublée par quelques cercles concentriques qui se propageaient à sa surface. Mais elle ne vit plus son reflet humain à la surface du liquide. Des traits bestiaux, étaient maintenant visibles. Rien de bien étonnant pour elle. En un clignement des yeux, son reflet redevînt celui de la femme qu’elle était.

Il allait être l’heure de se mettre en chasse. Mais tout d’abord, elle joignit ses deux mains. Les plongeant dans l’eau claire de l’étang, elle les ramena rapidement à sa figure, appréciant le contact de l’eau fraiche sur sa peau. Savourant ensuite la fraicheur de la caresse du vent, renforcée par les gouttelettes d’eau sur sa peau, elle plongea à nouveau les mains dans l’eau, portant cette fois-ci le contenu à sa bouche. Elle réussit à en avaler une partie, le reste coulant le long de ses lèvres et de son cou avant de retourner au sol.

Non, elle ne s’était jamais souciée de tomber malade. Ni à cause de cette eau, ni à cause du reste. Contrairement à ses parents biologiques, la nature l’avait dotée de bien plus d’armes pour se défendre que feu ses géniteurs. Elle avait même, à quelques occasions, guéri quelques maladies dans sa nouvelle meute. Sa nouvelle famille. Elle pouvait en quelque sorte absorber la maladie. C’était aussi une raison qui faisait d’elle une amie des félins : elle ne pouvait se résoudre à les voir souffrir autant. La nature avait exaucé son souhait en la munissant de cette capacité.
Ou alors était-ce la manifestation de son propre amour, une force qu’elle avait développée après la mort prématurée de ses parents ? Sans personne à qui s’accrocher, elle avait trouvé refuge dans la meute, ceux qui l’avaient protégée, aidée, nourrie, lavée, et qui lui avaient montré comment chasser.

Oh, à ce propos. Son nez se plissa. Une odeur familière, celle du gibier attendant d’être attrapé. Doucement, elle se leva, attrapant sa lance au passage. Elle s’étira doucement, se préparant à devoir se mouvoir discrètement et silencieusement. C’était l’heure.

L’heure pour la chasse !